Ils rêvent de naviguer à bord du "Français"
Ils n’ont pas encore navigué à bord du « Français » mais sont revenus, de leur semaine passée à Lorient, avec des étoiles plein les yeux, l’expérience d’un grand voilier en chantier et des rêves de mer en pagaille.
À quoi rêve-t-on quand on a 13 ou 14 ans ? De grand large, d’albatros, d’une confiance accordée et d’une vie à croquer à pleines dents. Quatre élèves du collège Descartes-Montaigne de Liévin, dans le Pas de Calais, ont découvert, la semaine passée, le grand voilier école « Le Français » en chantier à Lorient. Accompagnés de leur professeur d’anglais, Yann, Loïc, Illian et Matéo, élèves de 4ème et 3ème, ont plongé sans retenue dans l’univers du trois-mâts.
Ils avaient hâte de rejoindre ce grand bateau en chantier, de mettre la main à la pâte, de se sentir utiles, à quelques semaines de la remise à l’eau de ce fameux trois mâts. La semaine concoctée par leur prof référent et les bénévoles de Grand voilier école a dépassé leurs espérances…
En immersion totale
Ils ont testé un canot de sauvetage, ont enfilé une combinaison étanche, déclenché des fusées de détresse, plongé dans l’univers d’une voilerie et jusqu’à l’intérieur d’un sous-marin à quai, avec un guide pour le moins inattendu. Ils ont eu autant de plaisir à arpenter le pont du « Français », à poncer le bois, gratter la rouille. Ils ont vu les marins de l’équipage à l’ouvrage, mesuré l’ampleur de la tâche, découvert les enjeux. « On les a vus se passionner et s’ouvrir à un monde insoupçonné » résume leur prof référent Pierre-Marie Groch. « C’était génial de les voir s’approprier les choses, superviser les activités des uns et des autres, continuer à brosser et à frotter la coque du bateau après le départ de l’équipage ». Un soir, le plus grand a fait à manger pour tout le monde, dévoilant une facette et une personnalité que l’école n’avait pas encore révélées.
Larguer les amarres en mai
Maintenant, ils ne rêvent que d’une chose : déployer les voiles à bord du « Français ». « Un défi loin d’être gagné » reconnaît leur accompagnateur qui s’est démené pour financer ce premier voyage à Lorient. « Leurs familles ne roulent pas sur l’or, le parcours de ces enfants n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, mais on va tout faire pour trouver de nouveaux financements et continuer à faire briller ces étoiles dans leurs yeux ».
« On ne connaissait rien de la Bretagne et encore moins l’univers fascinant des bateaux. Nous avons rencontré des gens aussi passionnants que disponibles ». Leur guide, à bord du sous-marin le Flore, n’était autre que le sous-marinier et ancien chef d’État-Major de la marine, Pierre-François Forissier ! VIP jusqu’au bout !
L’appel de la mer
Les gamins de Liévin ont aujourd’hui retrouvé leur quotidien. Ils en parleront longtemps autour d’eux et s’endormiront encore cavalant sur le pont ou escaladant la mâture. Imaginent-ils le trois-mâts le Français appareiller sans eux, en mai prochain ? « Une possibilité d’embarquement est avancée le 23 mai. « Nous espérons attirer d’autres jeunes et réussir à financer cette première navigation ». Pas le choix, maintenant que l’appel de la mer résonne profondément en eux.
Personne n’a rechigné à gratter le pont du Français qui prépare sa saison avec une remise à l’eau programmée à la mi-mai (photo Pierre-Marie Groch)
Aux commandes d’un sous-marin sous l’œil avisé de l’amiral Forissier (photo Pierre-Marie Groch)
Combinaison de survie et expérience dans un canot de sauvetage du CEPS de Lorient, partenaire de l’Association Grand Voilier Ecole. Le tir de fusée de détresse n’était pas mal non plus (photo Michel Borne).
Article | Stéphane Jézéquel