Acay Marseille a embarqué à bord du Français en Juillet dernier

Du 1er au 4 juillet 2024, un équipage venu de Marseille a embarqué à bord du Français, entre Bordeaux et Lorient. Et pas n’importe quel équipage, puisque Acay accompagne des jeunes sous main de justice en parcours de réinsertion.
Merci à la Fondation Blanc-Mesnil qui a permis de réaliser cette opération en co-finançant la navigation.

Dans quel cadre avez-vous embarqué ces jeunes originaires de Marseille ?
Victoire Perreau, chargée de projet pour Acay : L’association Acay accompagne les mineurs placés en détention et dans leur parcours après la sortie. Nous avons trouvé judicieux de leur proposer cette expérience en mer, en collectivité.

Quel était l’objectif de cet embarquement ?
Victoire Perreau : Leur proposer une activité et un environnement complètement nouveau pour eux puisque les trois quarts des participants n’avaient jamais navigué sur un voilier. Lorsqu’on leur a montré des images du bateau, ils ont pris la mesure de sa taille, du projet et de leur challenge personnel, même s’ils avaient encore beaucoup de questions et d’appréhension. Nous avions un objectif de cohésion entre des personnes aux cadres de vie et horizons différents.

Combien étiez-vous à embarquer au départ de Bordeaux ?
Nous étions 20 , dont 10 jeunes que nous suivons dans leur parcours de réinsertion. Ils étaient accompagnés d’éducateurs de l’association. Nous avions également dans le groupe 4 jeunes plus âgés - nous les appelons des ambassadeurs- qui sont passés par ces étapes et ont fait part de leur expérience ainsi que de leur soutien.

Restait à constituer un équipage motivé et cohérent...
Oui, c’était tout l’enjeu. Il fallait des jeunes motivés qui acceptent de partir avec d’autres et de mener à bien ces quatre jours en collectivité. Rien n’était sûr jusqu’au jour de départ...

Puisque l’on ne peut pas tout révolutionner en quatre jours, quels étaient les objectifs fixés ?
Nous avions déterminé les objectifs avec eux et trouvé les moyens pour qu’ils les atteignent, chacun à leur manière et à leur rythme, avec leur histoire. Ce qui est sûr, c’est que sur un bateau, on doit faire avec les autres et partager une existence en commun : vivre un embarquement sur un voilier qui permet de sensibiliser à la beauté et d’amener les personnes à se dépasser et travailler certaines valeurs (dépassement de soi, responsabilisation, acceptation de l’autre, l’ouverture à l’autre, simplicité, se détacher des réseaux sociaux, adapter un rythme de vie, s’engager). C’est ce qui nous a séduit en montant ce projet avec Charles Massa, Grand Voilier-École et la Fondation Blanc-Mesnil.

Il n’y avait pas de voilier de ce genre en Méditerranée ?
Il existe des possibilités d’embarquement de ce genre mais le Français nous a plu à travers l’authenticité et l’histoire du voilier. Charles Massa en a été l’intermédiaire et il a su trouver les mots pour nous convaincre.

Quels ont été les moments forts de ces 4 journées ?
Charles Massa : Les jeunes ont su s’engager pour assurer les missions du bord et respecter les horaires de quarts sans défaillance. La collaboration avec les membres d’équipage a été exemplaire.
Alors qu’aucun de ces jeunes ne se connaissait avant le départ, nous avons vu naitre une solidarité réelle dès le 1er jour lors de l’épisode de forte houle qui a vu la plupart d’entre eux être malades ; ceux qui le pouvaient se sont occupés des autres avec beaucoup de bienveillance.
Nous avons eu un autre temps fort lorsqu’un jeune philippin suivi par ACAY a raconté son vécu en milieu carcéral aux Philippines alors qu’il était mineur. Son récit sur ses conditions d’incarcération fut particulièrement émouvant.

Victoire Perreau est chargée de projet pour l’association Acay, c’est elle qui pilote le projet aux côtés de Charles Massa pour Grand Voilier Ecole (Photo V.Perreau).

Charles Massa assure le lien avec l’association et Grand Voilier Ecole qui accueille le 1er juillet 2024, ce groupe d’Acay à bord du Français (photo C. Massa).

10 jeunes en parcours de réinsertion ont embarqué, accompagnés d’éducateurs et de 4 ambassadeurs qui sont passés par ces étapes et ont fait part de leur expérience (photo Acay).